Communiqué de l'ambassadeur de Russie
Communiqué de l'ambassadeur de Russie
Corneille Lun 1 Sep - 20:38
Prenez la peine de le lire en entier, ça détonne ...
Quand un petit pays déclenche un grand conflit
Les dirigeants de l'Union européenne sont aujourd'hui réunis à Bruxelles pour discuter de la situation dans le Caucase. Nous espérons qu'ils procéderont à des conclusions équitables et mesurées. Le monde est fait d'interdépendances, à l'image des liens étroits entre la Russie et l'Union européenne. Le conflit lancé par Mikhaïl Saakachvili le 8 août 2008 a illustré la fragilité de cet équilibre, qui repose sur nos efforts communs.
Malheureusement, au cours de ces dix-sept dernières années, les dirigeants géorgiens ont montré qu'ils se préparaient à de violentes actions pour restaurer leur contrôle sur l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie. En violation des précédents accords de résolution pacifique des tensions entre ces parties, des décisions des Nations unies et de l'OSCE, Mikhaïl Saakachvili a donné l'ordre de bombarder Tskhinvali dans son sommeil, la nuit du 8 août 2008, trois heures après avoir annoncé un cessez-le-feu, tuant ainsi civils et forces de maintien de la paix. Nous avons des preuves irréfutables qu'une action similaire était prévue en Abkhazie. Mikhaïl Saakachvili a embarqué la Géorgie, armée et entraînée par les pays occidentaux, dans une aventure militaire qui a causé beaucoup de souffrances aux populations d'Ossétie du Sud et de Géorgie.
Quand il a été contraint de stopper ses velléités de conquête par la force de cette petite république, Mikhaïl Saakachvili a tout fait pour impliquer l'Otan et l'Union européenne dans une bataille qui n'a pourtant de sens qu'à ses yeux. Il aimerait faire croire que ce conflit concerne directement les Etats-Unis voire le futur de l'Occident - comme si une offensive militaire menée par un président géorgien pouvait valoir défense des valeurs occidentales ! J'espère que l'un de ses homologues exigera qu'il ne fasse pas honte à l'Europe.
La Russie a fait tout ce qu'elle pouvait pour promouvoir une résolution pacifique des tensions. L'agression géorgienne contre l'Ossétie du Sud n'a pas seulement violé un cessez-le-feu et tous les accords déjà en vigueur, mais aussi déstabilisé toute la région. Le conflit a également mis en évidence l'incapacité et l'irrespect délibéré du gouvernement géorgien pour les populations d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie. Ces populations ne voient pas en la Géorgie une garantie de sécurité et de survie. C'est pourquoi nous n'avions pas d'autre choix que de reconnaître l'indépendance de ces deux républiques. Les récents événements ont démontré que rester passif et attendre à l'abri des montagnes du Caucase que Mikhaïl Saakachvili déclenche une guerre a un prix - des centaines de vies humaines. Ce qui nous inquiète, c'est que les Etats-Unis et certains Etats européens auraient déjà commencé à réarmer le régime de Tbilissi, soutenant ainsi son orientation nationaliste et son inclination pour la force. De notre point de vue, il faudrait imposer un embargo sur les approvisionnements en armes au gouvernement Saakachvili.
La crise actuelle devrait pouvoir être résolue sans délai. Nous sommes reconnaissants des efforts de la présidence française de l'Union européenne, et nous continuerons à mettre en oeuvre tous les éléments du plan Medvedev-Sarkozy - mais nous ne reconnaîtrons pas son interprétation par Mikhaïl Saakachvili. Il est regrettable que les pays occidentaux, influencés par Saakachvili, aient empêché un accord du Conseil de sécurité des Nations unies sur ce plan. Il a néanmoins été approuvé par le conseil permanent de l'OSCE. Tbilissi doit donc le mettre en oeuvre, ce qui implique en premier lieu le retrait des troupes géorgiennes dans leurs bases.
La reconstruction de nouvelles barrières entre la Russie et l'Europe, vingt ans après la chute du rideau de fer, ne nous intéresse pas. Nous sommes convaincus que la France est d'accord avec nous sur ce point. Cependant, un large partenariat économique et de sécurité ne peut être bâti que sur des bases égalitaires, en prenant en compte les intérêts des deux parties.
Regardons vers l'avenir : Dimitri Medvedev et Vladimir Poutine ont plusieurs fois proposé de discuter une nouvelle architecture sécuritaire pour l'Europe, un système équitable de sécurité collective pour l'espace euro-atlantique. Nos propositions sont jusqu'à présent restées sans réponse.
La semaine dernière, la session extraordinaire du conseil Otan-Russie sur le conflit en Ossétie du Sud a été annulée suite à la demande des Etats-Unis. Peu après, les membres de l'Alliance ont décidé d'interrompre ses activités. Peut-on trouver meilleure illustration des méfaits de « l'Otan-centrisme des affaires européennes » ? Si elle continue dans cette direction, l'Otan sera marginalisée. Nos partenaires veulent-ils vraiment en arriver là ?
Beaucoup agitent le spectre d'une nouvelle guerre froide, mais nous n'irons pas dans cette direction. Il n'y a pas de raisons objectives à cela, et nous ne ferons pas cette faveur à ceux qui ont une imagination maladive et pour seul référent les clichés du passé. Ils devront s'en sortir sans nous, et mener la confrontation dans l'espace virtuel de l'information.
Une chose est sûre : persister sur la voie des provocations antirusses perturbera notre coopération sur nombre de dossiers importants. Qui plus est, aussi longtemps que nous n'y parlerons pas d'égal à égal, l'Otan et l'Union européenne risquent de se trouver dans une situation emblématique de la guerre froide : celle de la queue qui remue le chien (pour le compte des régimes-clientèles) et non du chien qui remue la queue.
SERGEÏ LAVROV est le ministre russe des Affaires etrangères.
Quand un petit pays déclenche un grand conflit
Les dirigeants de l'Union européenne sont aujourd'hui réunis à Bruxelles pour discuter de la situation dans le Caucase. Nous espérons qu'ils procéderont à des conclusions équitables et mesurées. Le monde est fait d'interdépendances, à l'image des liens étroits entre la Russie et l'Union européenne. Le conflit lancé par Mikhaïl Saakachvili le 8 août 2008 a illustré la fragilité de cet équilibre, qui repose sur nos efforts communs.
Malheureusement, au cours de ces dix-sept dernières années, les dirigeants géorgiens ont montré qu'ils se préparaient à de violentes actions pour restaurer leur contrôle sur l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie. En violation des précédents accords de résolution pacifique des tensions entre ces parties, des décisions des Nations unies et de l'OSCE, Mikhaïl Saakachvili a donné l'ordre de bombarder Tskhinvali dans son sommeil, la nuit du 8 août 2008, trois heures après avoir annoncé un cessez-le-feu, tuant ainsi civils et forces de maintien de la paix. Nous avons des preuves irréfutables qu'une action similaire était prévue en Abkhazie. Mikhaïl Saakachvili a embarqué la Géorgie, armée et entraînée par les pays occidentaux, dans une aventure militaire qui a causé beaucoup de souffrances aux populations d'Ossétie du Sud et de Géorgie.
Quand il a été contraint de stopper ses velléités de conquête par la force de cette petite république, Mikhaïl Saakachvili a tout fait pour impliquer l'Otan et l'Union européenne dans une bataille qui n'a pourtant de sens qu'à ses yeux. Il aimerait faire croire que ce conflit concerne directement les Etats-Unis voire le futur de l'Occident - comme si une offensive militaire menée par un président géorgien pouvait valoir défense des valeurs occidentales ! J'espère que l'un de ses homologues exigera qu'il ne fasse pas honte à l'Europe.
La Russie a fait tout ce qu'elle pouvait pour promouvoir une résolution pacifique des tensions. L'agression géorgienne contre l'Ossétie du Sud n'a pas seulement violé un cessez-le-feu et tous les accords déjà en vigueur, mais aussi déstabilisé toute la région. Le conflit a également mis en évidence l'incapacité et l'irrespect délibéré du gouvernement géorgien pour les populations d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie. Ces populations ne voient pas en la Géorgie une garantie de sécurité et de survie. C'est pourquoi nous n'avions pas d'autre choix que de reconnaître l'indépendance de ces deux républiques. Les récents événements ont démontré que rester passif et attendre à l'abri des montagnes du Caucase que Mikhaïl Saakachvili déclenche une guerre a un prix - des centaines de vies humaines. Ce qui nous inquiète, c'est que les Etats-Unis et certains Etats européens auraient déjà commencé à réarmer le régime de Tbilissi, soutenant ainsi son orientation nationaliste et son inclination pour la force. De notre point de vue, il faudrait imposer un embargo sur les approvisionnements en armes au gouvernement Saakachvili.
La crise actuelle devrait pouvoir être résolue sans délai. Nous sommes reconnaissants des efforts de la présidence française de l'Union européenne, et nous continuerons à mettre en oeuvre tous les éléments du plan Medvedev-Sarkozy - mais nous ne reconnaîtrons pas son interprétation par Mikhaïl Saakachvili. Il est regrettable que les pays occidentaux, influencés par Saakachvili, aient empêché un accord du Conseil de sécurité des Nations unies sur ce plan. Il a néanmoins été approuvé par le conseil permanent de l'OSCE. Tbilissi doit donc le mettre en oeuvre, ce qui implique en premier lieu le retrait des troupes géorgiennes dans leurs bases.
La reconstruction de nouvelles barrières entre la Russie et l'Europe, vingt ans après la chute du rideau de fer, ne nous intéresse pas. Nous sommes convaincus que la France est d'accord avec nous sur ce point. Cependant, un large partenariat économique et de sécurité ne peut être bâti que sur des bases égalitaires, en prenant en compte les intérêts des deux parties.
Regardons vers l'avenir : Dimitri Medvedev et Vladimir Poutine ont plusieurs fois proposé de discuter une nouvelle architecture sécuritaire pour l'Europe, un système équitable de sécurité collective pour l'espace euro-atlantique. Nos propositions sont jusqu'à présent restées sans réponse.
La semaine dernière, la session extraordinaire du conseil Otan-Russie sur le conflit en Ossétie du Sud a été annulée suite à la demande des Etats-Unis. Peu après, les membres de l'Alliance ont décidé d'interrompre ses activités. Peut-on trouver meilleure illustration des méfaits de « l'Otan-centrisme des affaires européennes » ? Si elle continue dans cette direction, l'Otan sera marginalisée. Nos partenaires veulent-ils vraiment en arriver là ?
Beaucoup agitent le spectre d'une nouvelle guerre froide, mais nous n'irons pas dans cette direction. Il n'y a pas de raisons objectives à cela, et nous ne ferons pas cette faveur à ceux qui ont une imagination maladive et pour seul référent les clichés du passé. Ils devront s'en sortir sans nous, et mener la confrontation dans l'espace virtuel de l'information.
Une chose est sûre : persister sur la voie des provocations antirusses perturbera notre coopération sur nombre de dossiers importants. Qui plus est, aussi longtemps que nous n'y parlerons pas d'égal à égal, l'Otan et l'Union européenne risquent de se trouver dans une situation emblématique de la guerre froide : celle de la queue qui remue le chien (pour le compte des régimes-clientèles) et non du chien qui remue la queue.
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